Complètement à l'ouest
Album photoRevenons à nos moutons, ou plutôt à ceux de ... Nic, Scottie et Emerson dans les Porongurup. 3500kms nous séparent encore de notre destination et, vu la distance, mieux vaut considérer le trajet comme un voyage en soi (on agit rarement autrement...).
Fraîchement débarqué du ferry à Melbourne, on met le cap sur les forêts sauvages du parc national de Great Otway. Le lendemain matin, alors que Bibi prépare le petit déjeuner, deux juges à chemise rouge et veston vert inspectent ses moindres gestes. Perchés sur le Mentos, les deux perroquets se demandent s'ils participeront à la dégustation.
Rien ne vaut un camping en pleine nature. Ça nous donne également l'occasion de reprendre nos petites randonnées. On adopte un pas digne de "la patrouille des éléphants" du livre de la jungle. On ne chante pas tant que ça (pour ne pas déranger les autres randonneurs) mais on tape bien nos pieds sur le sol afin de prévenir les éventuels serpents des environs. C'est un peu fatiguant de marcher comme ça donc, par moment, on arrête jusqu'à ce qu'on croise un nouveau serpent ou qu'on entende des frémissements dans les hautes herbes. Pour les amateurs de "où est Charlie?", après la variante "où est l'ornithorynque ?" et "où est la baleine ? (à jouer avec des jumelles)", on te recommande : où est le koala dans cette forêt d'eucalyptus?
Depuis les forêts luxuriantes traversées de rivières et cascades jusqu'à l'océan déchaîné, sculptant la roche en falaises imposantes, le tronçon côtier Melbourne-Adelaïde a de quoi régaler une vaste gamme de touristes avides de découvertes et sensations. C'est la Great Ocean Road. Le business des saveurs y est prospère et bien que beaucoup de commerces ferment pour les fêtes, on redouble d'effort pour dénicher ceux toujours ouverts et on veille à inclure les marchés du weekend à notre parcours.
L'Australie méridionale n'est plus très loin, le formulaire covid est rempli, on s'empiffre de cerises qui n'ont pas le droit de passer (quarantaine alimentaire oblige) et ... pas un chat à la frontière. On bifurque à la première route en gravier, direction une doline (en terrain calcaire, dépression fermée de forme circulaire) : Piccaninnie. C'est un petit lac aux eaux limpides, on peut voir jusqu'à 40m de profondeur (testé et approuvé bien qu'un peu lugubre) ! Le paysage jongle avec les tons jaunes de sécheresse. Tels des nomades du désert en quête d'eau, on passe d'une doline à une cénote puis à un lac dans le cratère d'un ancien volcan. Pourtant il ne fait clairement pas chaud!
On ne saura pas si c'est la faute au virus mais notre appareil photo est grippé. Il va malheureusement falloir le laisser en réparation à Adélaïde pour quelques semaines !! (tu sais, les fêtes ...). L'option "véhicule de remplacement" n'étant pas disponible, on étudie les appareils à vendre sur le seconde main australien. Justin à Millicent sera notre sauveur : il est sympa, on visite nos vans respectifs, on scelle le deal par une bière puis un repas et on finit par dormir sur place :).
En cette veille de Noël, on passe une heure frénétique dans les magasins pour avoir de bons ingrédients à cuisiner au camping ce soir. On profite du reste de la journée à la plage, il y a un petit avion qui survole l'eau à basse altitude. Au moment où on décide de se jeter à l'eau, une sirène stridente émane de l'avion: c'est probablement un requin qui est aussi à la recherche d'un bon repas de Noël! Notre envie de baignade se transforme en barbotage jusqu'à hauteur de genou, pour la sécurité.
À cette allure de koala, on n'est pas près d'atteindre la côte ouest (pour la petite histoire, le koala ne l'a jamais atteinte). On enclenche le mode croisière du Mentos... Les tournants se font rares, les champs sont de plus en plus grands, plats et jaunes. On se rapproche du désert du Nullarbor.
Pas sûr que les chameliers de l'époque, avant l'arrivée des camions, jouaient à "devine ce que je vois?" dans le désert. C'est un peu monotone. Bibi étudie les différentes gourmandises disponibles dans les road houses lors des pauses, tandis que Ross tricote dans ces longues lignes droites (jusqu'à 150kms tout droit). On se met à l'eau à Eucla pour fêter notre passage dans l'État d'Australie occidentale. La nuit est douce, la pleine lune se lève. Nos instincts de chasseurs ne nous font pas défaut, c'est bien à un dromadaire qu'appartiennent ces immenses empreintes rondes repérées il y a quelques heures, près de cet unique point d'eau 50kms à la ronde. On s'embusque, quand tout à coup, sortis de nulle part, un troupeau de camélidés vient se désaltérer. On mitraille la scène, mais vu que l'appareil de remplacement et la luminosité était faible, on n'a pas vraiment fait mouche.
Avant de rejoindre la cohue migratoire des citadins (j'ai un gros pickup, une grosse caravane et un gros bateau, il faut que je les sorte pour les vacances) qui s'entassent dans les campings côtiers entre Noël et Nouvel An, on s'offre une nuit dans un tout petit camping à Salmon Gums, 100kms dans les terres. On se régale des légumes du potager à disposition des campeurs et nos voisins, un chien et un serpent apprivoisé, ne pipent pas un mot. Il paraît que leur maître est en prison pour avoir enfreint la quarantaine covid et la gérante du camping les nourrit et le promène (juste le chien).
On a totalement géré notre entrée dans le parc national de Cape Arid. 10h du matin, la place est encore chaude, on se gare sur le plus grand des deux emplacements libres du camping (sans le savoir, on a juste choisi le premier :) ). 10h15, un groupe de Victoriens nous propose d'échanger de place (car ils sont plus nombreux). 16h, ils nous offrent des bières pour nous remercier de l'échange, de quoi arroser ce pré-nouvel an.
C'est le grand jour, ce soir on passe en 2021 à Espérance et avec feu d'artifice s'il te plaît (à 9h, pour les enfants). On participe à l'engouement généré par un saut en hauteur canin (à battre 2m30 sur mur), on profite de la plage, on allume le bbq. En plein chef d'oeuvre pyrotechnique, notre téléphone vibre. Un mail de la police nous demandant de nous mettre en quarantaine douche un peu l'ambiance de la soirée (il y a eu de nouveaux cas à Melbourne). On passe la nuit dans le Mentos au milieu de la ville, le camping bondé ne semble plus trop une option pour s'isoler et Porongurup est encore à 5h de route ... Finalement, seules les personnes présentes dans l'état de Melbourne le 21 ou après doivent d'isoler. On a justement passé la frontière le 20 (ouf, à un jour près!). Les grandes embrassades avec Nic, Scottie et Emerson sont donc d'application immédiate :D.
On vous souhaite une très belle année 2021, pleine de nouvelles aventures !!!