24h à Ashbolt Farm

"No milk today my love is gone away", "No one knows what it's like, to be the bad man" sont les premières paroles que l'on entend ce matin. Chaque soir, le délégué réveil (Olivier) choisit une chanson pour le lendemain. Enya, la musique de Braveheart ou Into the wild font également partie de nos classiques. Un bras sort de la couette et allume le radiateur électrique (il y a des avantages à vivre dans 12m²). Il faut maintenant attendre que notre poulailler se réchauffe...

Certains jours, le soleil fait de l'oeil à l'herbe gelée et tente de la faire fondre ; d'autres jours la brouillard fait grasse mat dans le lit de la rivière et ce jusqu'à exceptionnellement 2h de l'aprem !! Aujourd'hui, il fait juste gris ... La demi-heure d'émergence est abruptement interrompue par une manœuvre de rouleau de printemps, c'est-à-dire, s'enrouler subitement dans la couverture pour exposer l'autre au froid matinal et donc le forcer à se lever et préparer le petit-dej... (Bien joué Roro!)

Aujourd'hui, le cuistot n'est que maigrement inspiré : on coupe des tranches de notre pain maison au levain. On se rattrapera demain avec des crêpes au sarrasin ou des röstis de pommes de terre. Mmmh.

Cling cling, la barrière de la ferme se fait entendre. Serait-ce Baden, Hendrik ou Chris ? Les employés permanents. Il n'est que 8h alors. Si c'est Mitch et Helena, les autres volontaires (enfin maintenant, on est tous passé au grade d'employés rémunérés), on doit se dépêcher un peu. Le jingle annonce les nouvelles de 1h du matin sur classic21, on est à la bourre. Hop hop, on nourrit Hortus (le levain), on se brosse les dents et on commute les 30 mètres qui nous séparent de l'atelier.

Sans surprise, Bob nous annonce qu'on cueille les olives. À vos sticks, enfilez vos batteries et secouez! La technique est la suivante : on étend des filets sous les oliviers, ensuite armé d'un grand manche terminé par un peigne vibrant on brosse l'arbre pour faire tomber nos précieux et finalement on rassemble les olives en petits tas qu'on verse dans une grosse caisse. Et puis rebelote ... Pas de quartier, elles doivent toutes tomber. On grimpe dans les arbres, on rallonge le manche télescopique, on sort la plateforme élévatrice. Il faut pas se leurrer, c'est sportif. La tête constamment en l'air, les poignets qui encaissent les vibrations et le manche qui se fait de plus en plus lourd à chaque arbre. "Morning tea", nous crie Hendrik. C'est la pause, on infuse le thé et, occasionnellement, Anne apporte du cake tout droit sorti du four. À défaut, il y a toujours des TimTam (des petits biscuits enrobés de chocolat) dans le tiroir.

Deux caisses de 400-500kgs, petite journée. L'histoire ne s'arrête pas là, c'est de l'huile que l'on désire. Roro enfile un casque anti-bruit et rejoint Bob pour lui donner un coup de main dans la presse à olives. Olivier vaque à son projet du moment : une grille aimantée. Le cahier des charges est le suivant : prévenir l'intrusion d'objets métalliques qui pourraient endommager une des machines de la chaîne de production d'huile d'olive.

La nuit est tombée depuis bien une heure (c'est l'hiver), on rentre dans notre petite cabine boisée bien chauffée. Au passage, on déterre des panais pour le souper et on arrose la serre. Le pain, préparé sur le temps de midi, est en chemin pour le four (le four est dans l'atelier ...). On rince les graines germées, on change l'eau des olives qui macèrent. On voit tellement d'olives sur une journée que s'en est frustrant de ne pas en avoir pour l'apéro donc on en a cueilli et préparé pour notre consommation personnelle. S'ensuit la sempiternelle popote du soir. À croire que nos seules occupations journalières (du moins en semaine) sont récolter les olives et se nourrir. On prend aussi une vingtaine de minutes pour s'étirer, histoire d'être capable de bouger les bras demain (on n'a plus 20ans hein ;) ).

Roro sort son tricot et Olivier compulse SBS on demand (le RTBF Auvio local) pour un film ou une série. Bien au chaud sous la couette, surmontée d'une, deux voire trois couvertures, le délégué réveil pioche "I close my eyes, only for a moment, and the moment's gone" pour le lendemain.

N'allez pas penser qu'on passe notre vie à travailler... :) On profite toujours de nos weekends pour explorer la région...