Lorinna Valley
Album photoD'après certains conseils préparationnistes (vous savez, ces gens qui s'attendent à survivre à la fin du monde civilisé), en cas de pandémie, il faut s'isoler dans un endroit facilement défendable, riche en ressources renouvelables (eau et nourriture). La Tasmanie s'est donc imposée comme choix à nos yeux. [Blague à part : c'était déjà dans notre programme à visiter avant l'arrivée de l'hiver austral]
Les restrictions se mettent en place pour limiter la dissémination du coronavirus. On est autorisé à entrer en Tasmanie à condition de se mettre en quarantaine pour 14 jours. Qu'à cela ne tienne, faisons du volontariat ! Certes mais pas n'importe lequel : on choisit une vallée isolée sans eau courante, ni électricité, les enfants font l'école à la maison et le terrain produit presque suffisamment de nourriture. Bref, on se confine...
Après un long chemin sinueux, on arrive dans la vallée de Lorinna, chez Marie, Scott et les ados Rosie et Zac. On se salue avec le pied, eh oui, la distanciation sociale... Leur maisonnette est toute petite mais très confortable et chaleureuse, du feu ronfle dans la grosse cuisinière à bois, il y a du pain au four et de l'anguille, fraîchement pêchée dans le lac, pour dîner (c'est délicieux, soit dit en passant !).
Le formidable jardin potager est, fort heureusement, bien rempli. Il est constitué de buttes dont le but est d'accumuler plus de matière organique au dessus du sol (de façon bien plus rapide et bon marché que de créer des lits surélevés), de retenir plus d'eau dans le sol et de générer une barrière bien nette contre les mauvaises herbes. Personne n'est végétarien dans la famille: il y a deux vaches à lait, une vache à viande, un bœuf, un taureau et quelques lapins. Les deux chiens (Sam et Bibi) et les deux chats (Jackie et Annabelle) sont nourris aux wallabies (qui pullulent en Tasmanie depuis la disparition du tigre).
On ne fait pas que travailler, on rigole même beaucoup par ici ! On participe à des parties de cartes endiablées (certains sont mauvais perdants), on va se promener et observer toutes les mignonnes tiny houses des voisins, on fait du kayak sur le lac à quelques kilomètres de la maison. Zac nous emmène visiter le "canyon" de Lorinna et Rosie nous fait des démonstrations de gymnastique. Pendant une journée de congé, avec Marie et Scott, on part à l'aube vers un de leurs coins secrets en pleine forêt humide tempérée, on se croirait dans la jungle (si ce n'est les températures proches de 0°C), feu de camp à midi et "fish and chips" au bord de la mer avant de rentrer. On profite de l'escapade pour se promèner le long de chutes d'eau à faire rougir la Nouvelle-Zélande et on se découvre une passion commune avec nos hôtes : le bacon :).
Quand ce n'est la poire qu'on se fend, c'est le bois qui trinque. On amasse des mètres cubes d'eucalyptus pour l'hiver. Le fourneau tourne à plein régime, il y a maintenant Nanny Brook (la maman de Scott) qui a rejoint la bande. Notre quarantaine s'achève et comme Jack, on "hit the road" pour d'autres aventures au sud de la Tasmanie.