Yorke vers Victoria
Album photoL'Australie n'a qu'une seule jambe. Telle l'Italie à l'Europe, l'Australie aussi a sa botte : la péninsule de Yorke.
Eremophila alternifolia, Santalum acuminatum, Grevillea parallelinervis, ... Le jardin botanique est l'occasion rêvée de pratiquer son latin, on passe scrupuleusement en revue les noms de ces végétaux aux caractéristiques hors du commun : tous les coups sont permis pour conserver ou extraire la moindre goutte d'eau de ce continent aride.
On atteint la partie la plus séduisante de la jambe : les orteils. Qui l'eût cru? Le parc national de Innes, aux confins de la péninsule de Yorke, tient ses promesses. Son charme meurtrier a percé plus d'une coque, en témoigne les nombreuses épaves gisant tantôt au fond, tantôt totalement exposées sur la plage. Les dauphins et les kangourous mignons sur la plage ne manquent pas de redorer son blason. En chemin pour une piscine naturelle creusée dans les rochers, on assiste, de loin (on n'a pas osé s'inviter en maillot), à un mariage sur la plage. Eh oui, ce n'est pas que dans les films américains. Mêmes les phares de la péninsule sont design. Après une visite de la ville fantôme de Inneston, construite pour héberger ceux qui y exploitaient le gypse, on chatouille le bitume le long de la plante du pied.
Le tracé de la botte touche à sa fin, on déniche de bonnes bouteilles dans un petit vignoble local pour célébrer. De passage à Adélaïde, on scrute avec intérêt le savoir-faire de souffleuses de verres au JAM factory.
La péninsule (promis c'est la dernière) de Fleurieu n'est qu'à quelques encablures d'Adélaïde. La logistique est telle qu'on la parcourt le weekend, en compagnie de presque tous les habitants d'Adélaïde en quête d'un camping sur une de ces plages "sauvages" (qui ressemble donc plus à un camp de réfugiés qu'à une plage sauvage :) ). Sur Fleurieu, le paysage tantôt boisé dans les parc nationaux, tantôt lunaire le long des falaises rocheuses se ponctue d'imposantes collines herbeuses jaunies par la sécheresse.
Contournant le lac d'Alexandrina et de Yari, on traverse ce qui fut un jour le Mississippi australien. Des bateaux à aubes reliaient les différents ports de cet immense complexe de lacs. Le fleuve Murray sinue à travers ce labyrinthe et le chemin le plus court traverse le fleuve plusieurs fois. Il n'y a pas de pont. Mettre le Mentos sur une barge pour franchir le plus long fleuve d'Australie nous transporte aux Pays-Bas le temps d'une courte traversée. Un lagon de plus de 100km (distance somme toute banale dans ce pays-continent) séparée de l'océan par une simple dune de sable constitue le parc national de Coorong. Cet écosystème complexe est menacé par sécheresse prolongée, barrages et pompage de l'eau tout au long du cours de la Murray qui pourrait un jour s'arrêter de couler et ensabler le lagon. Pour le moment, l'embouchure du fleuve est maintenue ouverte artificiellement par draguage. C'est un paradis pour pélicans et autres oiseaux côtiers.
PS: pourquoi y a-t-il une statue d'autruche chevauchable à Meningie ? Fin 1800, un émigré irlandais particulièrement maigrichon gagnait sa vie en cambriolant les locaux et s'enfuyait à dos d'autruche dans les marais. Il a terrorisé la région pendant plusieurs années mais personne n'a jamais retrouvé son butin après sa mort tragique...