Le Nullarbor
Album photoUn ancien poème dit "Nullarbor, Nullarbor, Nullarbor, désert impétueux et tumultueux..." (Avez-vous reconnu cette citation ?! ;) )
Avant d'atteindre les plaines du Nullarbor, la véritable région sans arbre (Nullarbor signifiant "sans arbre" en latin), il nous faut d'abord quitter l'Australie Occidentale. Le périple commence véritablement à Norseman, dernière bourgade peuplée avant le néant. La galerie photo "Gallery of splendid isolation" nous met l'eau à la bouche. Le photographe, peut-être content d'avoir une source de distraction, se donne pour mission de nous montrer tous ses bons coins sur la route : localisation sur Google Earth et ce que ça peut donner sur la pellicule (quand on est un pro bien entendu). Voyez-vous même... On se fait même offrir une gourde du désert (pour promouvoir son business plutôt local jusqu'à présent) et sa carte de visite ("appelez-moi si vous ne retrouvez pas les endroits").
Norseman, du nom du cheval d'un aventurier qui se serait coincé une pépite d'or sous le sabot, est une petite ville perdue dans le temps et dans l'espace. On y exploite toujours l'or depuis presque deux cents ans. Aujourd'hui, lieu de passage pour les touristes qui font le plein de carburant et de vivres; autrefois, pour les caravanes de dromadaires reliant les fermes de l'intérieur du pays à la mer.
Les distances à parcourir donnent le tournis : il y a 1200km entre Norseman et Ceduna, c-à-d traverser la moitié de l'Europe (de Bruxelles à Zagreb). Sur ce tronçon, presque aucune trace de civilisation, à part le bitume de la route, l'une ou l'autre "ferme" et quelques "road houses". Arriver dans cette station essence/épicerie/camping/musée/bar, c'est un peu atteindre l'oasis. Premier arrêt : la road house de Balladonia. Il y a moins de 50 ans, ce trou perdu faisait la une des journaux quand la station spatiale Skylab s'y est écrasée. Un petit musée en expose quelques fragments. C'est aussi ici que la route était bloquée par les incendies au début de l'année. À part quelques arbres calcinés et une légère odeur de fumée, tout semble être rentré dans l'ordre.
On s'engouffre ensuite sur le plus long tronçon de route en ligne droite de l'Australie : 150kms sans un seul coup de volant (devinez qui a gagné au jeu de celui qui s'endort le plus vite?). À intervalles réguliers, la route s'élargit pour se transformer, en cas de besoin, en piste d'atterrissage pour l'avion du RFDS (Royal Flying Doctor Service), le docteur volant. En plus des kangourous et des dromadaires sauvages, le wombat a maintenant également droit à une place sur les panneaux de signalisation "attention, ne pas écraser".
Notre meilleur camping du voyage est sur une falaise, à la frontière des deux états. La route en terre est sinueuse, le soleil s'apprête à se coucher, à chaque tournant on s'attend à tomber dans la mer, au loin, le pôle Sud. Plus loin, la solitude des plaines du Nullarbor se dessine : peu importe où se pose le regard, il n'y a qu'une mer de petits buissons. C'est en fait un immense plateau calcaire et le peu de pluie y a creusé quelques grottes. On jette un coup d'oeil aux immenses terriers de wombat puis nous revoilà reparti pour le dernier tronçon avant la civilisation.
Ouf, un village, Penong. Destination prisée des amateurs de pompes à vent, le musée en plein air de Penong en possède le plus gros spécimen : un Comet de 10.6m d'envergure. La fièvre du vendredi soir aidant, nous voilà invité à passer une soirée pleine de rencontres avec les habitants du coin. On ne rejoindra le Mentos qu'aux petites heures. Maddy et Bo nous invitent pour un bbq/tournoi de tennis de table/poker le jour où on passe à nouveau dans les parages.
Les légumes tressaillent mais se préparent mentalement à se friter jusqu'au dernier pépin avec l'agent de quarantaine. Les curcubitacés ressortent grandes perdantes de ce combat : elles sont saisies à Ceduna (NDLR : une quarantaine est imposée entre les deux états pour limiter la circulation des parasites). Ça y est, Katy a posé les pieds sur le continent. On se permet encore l'une ou l'autre flânerie : un joli rocher par ci et un port pittoresque par là. Les retrouvailles se feront à un café branché de la ville pour un petit déj qui fait la grande force des anglo-saxons.