Choisir sa monture est une étape cruciale du backpacker. Sans trop se poser de questions, le choix est arrêté sur le van aménagé.

On se projette dans l'outback australien... Pieds nus, cheveux légèrement trempés de la dernière baignade sauvage, le bas de caisse rougeâtre de poussière, on roule jusqu'à la prochaine halte nocturne. La cuisine minimaliste et fonctionnelle permet de longs moments d'oisiveté à observer les kangourous bondir autour du van. Dégustation d'une délicieuse tambouille sous les étoiles avant de prendre congé de la voie lactée pour un intérieur cosy et douillet. Finalisation de la journée par la lecture d'un chapitre de la dernière fiction chinée ou bien directement dans les bras de Morphée.

Perspective bien alléchante... Passons de la théorie à la pratique. Il nous faut du spacieux mais économe, une bonne affaire mais fiable. Les nombreuses cyber recherches ont réduit notre champ aux deux modèles suivants : la Toyota Townace et la Hyundai iLoad. Trois garages (side story : un des dealers était français et s'appelait Laurent Tournant :p), une heure de vélo, 30 minutes de discussions et PAF on tranche : une Hyundai iLoad, 2011, 192 000 km.

Le mentos, vue extérieure
Le mentos, vue extérieure

La fourgonnette d'ouvrier est équipée d'une grille de protection pour les 3 sièges avant ainsi que d'un plancher de protection en plastique et de deux étagères métalliques dans la partie utilitaire. Pas très sexy tout ça. Le plan d'action se dessine : mettre à profit la semaine qui nous reste chez David (ainsi que ses outils) pour aménager le van.

Chance inouïe, tous les 6 mois les habitants de Perth mettent leurs encombrants devant leur porte quelques jours avant le passage du camion poubelle (accompagné d'un petit bull pour l'occasion). C'est un peu la quinzaine du marché aux puces avec des tas d'encombrants pour étals et le passant, plutôt que d'être à pied, flâne en pickup. La concurrence est rude : on s'est fait chourrer notre frigobox "chiné" lorsque, omnubilés par les plaques en bois du tas voisin, on l'a mis de côté pour le retour. Bilan : un bon départ de "caisse vaisselle" (complétée par la suite grâce aux nombreux magasins de seconde main) et un stock important de chevrons et diverses plaques en bois.

Il est temps de prendre le taureau par les cornes. Mise à blanc de la partie utilitaire : on vend la grille de protection, on donne les étagères et on arrache le plastique. Puis on passe au nettoyage intégral. L'Australien commun semble utiliser un souffleur de feuilles pour débuter cette étape, d'après les us et coutumes de notre hôte.

Au-dessus, le avant/après mise à blanc et nettoyage. En dessous, les différents achats et trouvailles : matelat du géant suédois et bidons
Au-dessus, le avant/après mise à blanc et nettoyage. En dessous, les différents achats et trouvailles : matelat du géant suédois et bidons

S'ensuit un cycle (qui peut, à certains moments d'intense remise en question, sembler infini) de réflexion, prises de mesures, découpes, et enfin assemblage (parfois désassemblage puis ré-assemblage). Ensuite, rebelote, on repart pour un tour. Scie circulaire quand c'est droit (hum, pas d'équerre à disposition), biseau quand c'est courbe. Les rondeurs de la voiture se laissent rarement dompter à la première découpe.

Au-dessus, la cuisine en construction. En dessous, le lit pliable
Au-dessus, la cuisine en construction. En dessous, le lit pliable

Quelques kilos de sciure plus tard, on est fier de vous présenter la version 1.0 de notre maison. À l'arrière, en ouvrant les portes battantes, on découvre la cuisine plein air semi couverte. Pour subvenir à nos envies culinaires, un réchaud avec deux becs et un grill. Pour ne pas mourir de soif au milieu du désert, deux barils de 20L d'eau chacun. Une planche de travail, une caisse vaisselle et une de bouffe complètent l'endroit. Le cœur de logis, au centre de la voiture, fait office de chambre à coucher, de salle à manger et living. Un lit pliable permet de passer d'un mode à l'autre : soit sofa, soit lit. Les 2 tiroirs sous le lit, c'est notre dressing. Entre le cœur de logis et la cuisine se trouve la "cave", rangement accessible via une double trappe. Via la deuxième porte coulissante, on accède au "grenier" : rangement derrière le sofa. À la nuit tombée, tout est doucement éclairé par une guirlande LED sur panneau solaire.

Voyez plutôt :

La cuisine et le coeur de logis
La cuisine et le coeur de logis

Ainsi naquit le mentos (on a aussi pensé à Bianca [Bernard et ...] ou Buzz [l'éclair]). Après la chariotte, revendue à des parisiennes, la tomate en pension chez le frère d'Olivier, voici le petit dernier : le mentos, notre carrosse.